L'Autorité palestinienne est menacée de faillite
Salam Fayyad, Premier ministre et grand argentier de l'Autorité palestinienne.
L’autorité palestinienne sans le sou ! Certes, ce n’est pas nouveau. Cela dure même depuis des années. Mais cette fois, c’est en raison des retards de paiements des pays arabes, notamment des riches monarchies du Golfe. Elles refusent de verser leur contribution à Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, qui est pourtant leur ami.
Pourquoi tant d’ingratitude? « Les dirigeants arabes ne sont pas satisfaits d’Abbas, ils lui reprochent de ne faire assez d’efforts pour se réconcilier avec ses adversaires islamistes du Hamas », affirme un diplomate européen, qui vient de participer à la réunion internationale d’Oslo, qui devait théoriquement combler les trous du budget palestinien.
Chaque mois, Salam Fayyad, le grand argentier palestinien, s’arrache les cheveux pour trouver 100 millions d’euros pour faire fonctionner son budget. « Pour le moment, il n’en a que 25 », regrette le diplomate. C’est-à-dire la contribution de l’Union européenne et des Etats-Unis.
Depuis que le Hamas a renversé, par les armes, l’Autorité palestinienne à Gaza en 2007, Mahmoud Abbas campe sur des positions très dures vis-à-vis des intégristes. Lui comme la plupart de ses conseillers ont très mal vécu l’humiliation de se voir évincés du pouvoir. Plutôt s’allier avec le diable que de se plier à leurs exigences !
Sans apprécier le Hamas, les pays arabes, de leur côté, n’ignorent pas une réalité incontournable : sans réconciliation entre « frères ennemis » palestiniens, il ne peut y avoir de relance du processus de paix, et il ne peut y avoir de levée du blocus de Gaza, imposé par Israël. Et d’Amman à Riyad en passant par Doha, tous les émirs et roitelets redoutent qu’au final, ce soient les intégristes qui retirent les bénéfices de ce dangereux statu quo. Et surtout que chez eux, les mouvances intégristes n’en sortent renforcées. Bref, Abbas est appelé à faire des efforts. Et s’il n’y est pas prêt. Les « frères arabes » sont bien décidés à lui serrer la ceinture.
Un commentaire : la plupart des diplomates européens sérieux sur la question diraient la même chose publiquement, s’ils y étaient autorisés. Mais ils ne le sont pas. Abbas est l’homme des Occidentaux, et son ministre des Finances celui qui a remis de l’ordre dans l’opacité du budget de l’Autorité. Et tampis si leur bilan en termes d’avancées sur le chemin de la paix est plus que maigre. Il faut, coûte que coûte, soutenir nos partenaires.
S’il est le nerf de la guerre, l’argent l’est aussi pour la paix. On a trop tendance à oublier que 70 000 Palestiniens de Gaza – anciens policiers, personnel médical etc - sont encore payés par l’Autorité palestinienne. Leurs salaires font vivre 500 000 personnes au moins, c’est-à-dire près de la moitié de la population de cette vaste prison à ciel ouvert. L’arrêt du versement de ces émoluments plongerait Gaza dans une crise encore plus grave que celle que connaît le territoire palestinien.
« Dans la situation actuelle où l’horizon politique est flou et où il n’y a pas de négociations sur la solution des deux Etats (la Palestine aux côtés d’Israël), les donateurs commencent à faire machine arrière », a commenté sobrement depuis Oslo le ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gahr Stoere.
Pourtant, les conférences internationales, à Paris en 2007 puis à Sharm en-Sheikh en mars dernier, avaient permis de récolter près de 12 milliards de dollars au profit de l’Autorité palestinienne…. Promesse. Encore des promesses.Fonte:Georges Malbrunot sur Figaro