jeudi 25 juin 2009
Atermoiements de l’Union européenne face à Israël
Déjà, dans une communication au Parlement européen et au Conseil le 23 avril 2009, trois mois après la fin de l’assaut israélien et quelques semaines après l’investiture du gouvernement de M. Benyamin Netanyahou, l’un des plus marqués à l’extrême droite de l’histoire d’Israël, la Commission européenne, pourtant activement engagée dans le rapprochement euro-israélien, notait : « Tout réexamen des relations bilatérales UE-Israël, notamment dans le cadre du plan d’action de la PEV [politique européenne de voisinage], doit tenir compte de la persistance du conflit israélo-arabe et de l’ensemble des développements politiques au Proche-Orient. La poursuite, voire l’extension accélérée des colonies de peuplement en 2008 ont eu une incidence négative tant sur le processus de paix que sur la liberté de circulation des Palestiniens et l’économie palestinienne. Cette situation a encore été aggravée par l’absence de progrès sur plusieurs engagements souscrits dans le cadre du plan d’action, comme la facilitation des échanges commerciaux palestiniens (1). » Et le rapport de citer également l’aggravation de la situation de la population palestinienne, « déjà en situation de paupérisation avant l’offensive militaire en raison du blocus complet de la bande de Gaza », et un contexte politique envenimé du fait de l’opération « Plomb durci (2) ».
Cette position d’attente suscite cependant des réticences. La République tchèque, qui a exercé la présidence tournante de l’Union européenne jusqu’au 30 juin, ne faisait guère mystère de sa volonté d’accroître les relations et les échanges des Vingt-Sept avec Israël. Le premier ministre tchèque (démissionnaire) Mirek Topolánek affirmait, dans un entretien accordé le 26 avril au quotidien israélien Haaretz, que « le processus de paix ne doit pas être lié aux relations entre l’UE et Israël (3) ».
Il réagissait aux propos de la commissaire européenne aux relations extérieures, Mme Benita Ferrero-Waldner, qui avait déclaré : « Nous pensons que de bonnes relations avec Israël sont essentielles (...) mais nous ne pensons cependant pas que le moment soit venu pour aller au-delà du niveau actuel des relations. (...) Nous attendons un engagement clair de la part du nouveau gouvernement israélien sur la poursuite des négociations avec les Palestiniens. (...) Nous attendons un arrêt de toutes les actions qui sapent notre objectif d’une solution à deux Etats (4). »
Toutefois, les ministres européens des affaires étrangères, réunis le 27 avril, n’ont pas suivi la présidence tchèque. Alors que Stockholm s’apprêtait à assurer la présidence de l’Union, le chef de la diplomatie suédoise, M. Carl Bildt, précisait que l’approfondissement des relations avec Tel-Aviv n’était qu’une « option ». Quant à M. Bruno Le Maire, alors secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, il considère qu’il est « dans l’intérêt de l’UE de développer ses relations avec Israël », mais admettait que le « bon sens » oblige l’Europe à « attendre la fin de l’examen politique [israélien] et les grandes lignes politiques qui sortiront de cet examen avant de prendre une quelconque décision nouvelle (5) ».